LA RESC EN ONG
"Pour un Sourire d'Enfant"
Depuis près de 17 ans que nous suivons l’évolution du travail fait à PSE (Pour un Sourire d'Enfant) auprès des enfants parmi les plus pauvres du Cambodge, il m’est apparu que cette méthode était particulièrement adaptée pour aider tous ceux qui gardaient en eux le poids d’un passé trop douloureux pour vivre une vie normale.
C’est en 2010 qu’une convention est signée avec le directeur de PSE pour la formation RESC de toutes les équipes de santé ; médecins, infirmiers, psychologues, kinésithérapeutes et pouponnière.
Elle s’étalera sur 3 années jusqu’en février 2013, date à laquelle les praticiens obtiendront leur diplôme et se poursuit aujourd’hui.
La convention prévoyait qu’un suivi des pratiques serait assuré par mes soins. C’est la raison pour laquelle je suis revenu observer ce qu’était devenue cette pratique (fin 2019).
Patrick Fouchier
Concepteur de la RESC
Je voudrais exprimer ici le cas particulier que représentent pour moi les enfants Cambodgiens de PSE en grande souffrance.
Nous devons tenir compte du fait que par tempérament et par comportement social traditionnel, les Cambodgiens refusent de sortir leur mal-être par l’expression orale …
La RESC permettant de dénouer ces douleurs profondes, désinhibent plus facilement la parole autorisant ainsi la rencontre avec les psychologues.
Ils sont entourés par tous ceux qui s’occupent d’eux avec dévouement, compétence et affection. Ils apprennent un métier pour leur avenir et ce n’est pas toujours facile lorsqu’on a mal dedans en permanence.
Quel est le plus important dans l’instant, chaque jour ? Ils viennent le demander à l’infirmerie parce qu’ils ont mal au ventre ou à la tête tous les jours, parfois plusieurs fois par jour. Ils se réfugient dans le silence pour demander de l’aide. Mais ils ne veulent surtout pas parler de leur souffrance. Comment ça va ?... Normal !
C’est de les écouter sans leur demander d'exprimer leurs souffrances.
C’est de les écouter autrement que chez nous en occident où nous faisons référence aux grands maîtres de la psychologie « occidentale » pour décrypter les troubles du comportement.
C’est ce que la RESC peut leur apporter dans l’instant, pour les soulager avant d’aller en cours, avant de repartir chez eux dans la boue, ou de pouvoir enfin jouer avec les autres.
Pour cela, il ne faut pas de grandes théories, il faut de l’écoute aussi corporelle, car c’est dans leurs tripes qu’ils stockent leurs peurs et leurs angoisses.
Il existe en France un diplôme universitaire de psychosomatique. Plusieurs de mes anciens élèves sont allés se former auprès d'un professeur de médecine à Montpellier que j’ai rencontré plusieurs fois sur sa demande. Elle m’a exprimé son sentiment dans le même sens.
Lorsque les enfants seront sortis de PSE avec un métier, alors ils pourront prendre l’initiative de suivre un traitement psychologique de fond pour les aider à vivre une vie la plus normale possible. C’est à ce moment là que les professionnels de santé mentale ont aussi et surtout toute leur place.
Lors des consultations qui se sont déroulées soit chez les psychologues ou dans une autre pièce, les praticiens de la Resc ont chacun pu montrer leurs capacités à pratiquer sur les enfants. Nous avons été très satisfaits de constater qu’ils avaient bien entretenu leur pratique.
C’est ainsi que plusieurs cas de jeunes ont été traités à cette occasion. Deux en particulier ont retenu notre attention. Ils étaient repérés comme deux inséparables qui mettaient beaucoup d’agitation dans leur classe. Ce qui avait conduit leur professeur à les envoyer consulter.
Le retour qui nous a été fait plus tard ; « leur comportement avait tellement changé que leur professeur se demandait ce que nous leur avions fait »
Afin de concrétiser la formation des éducateurs et dans le même temps de répondre aux attentes des pensionnaires a été mise en place une consultation au pensionnat des filles et des garçons chaque soir.
C’est dans ces moments là que la Resc a montré toute l’importance de son écoute corporelle sans avoir à leur poser des questions.
La liste des volontaires étant de plus en plus longue chaque soir, les éducateurs formés à la Resc qui se sont impliqués ont décrit leur rôle comme très gratifiant.
Les soignants cambodgiens de PSE ont montré un élan et une volonté d’aider les enfants tout à fait remarquable. Ils ont une humilité dans l’écoute de ce que nous pouvons leur apporter qui nous interpelle.
Je les remercie de leur confiance et de leur fidélité.
Je suis persuadé que ces consultations préventives et désormais instituées permettront d’éviter dans l’avenir des évènements de détresse chez les pensionnaires les plus marquées par leur histoire.
Tel était mon but en proposant cette formation que je poursuivrai tant qu’il sera nécessaire et bien d’autres après moi…
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